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Les momies egyptienne

LA MOMIFICATION 
 
 
 
 
 
 
 
Momie de la tombe de Thoutmosis III 
(The Royal Mummies, Smith)  
 
 
L'idée d'une vie après la mort en Egypte remonte vraisemblablement au Paléolithique Moyen. C'est à cette époque qu'apparaissent les premiers objets usuels dans les sépultures, objets que le défunt pouvait utiliser dans sa nouvelle existence. L'observation du cycle végétatif, renaissant après chaque crue du Nil, est peut être à l'origine de cette croyance. 
 
La volonté de conserver les corps dans leur intégrité afin que le défunt puisse se mouvoir et vivre comme avant est plus tardive et semble dater des premières dynasties. Elle prendrait racine dans les sables du désert d'où surgissaient parfois certains corps dans un état de conservation exceptionnel. Son fondement religieux tient à la conception de l'individualité chez les égyptiens qui est différente de notre conception judéo-chrétienne basée sur l'opposition de l'âme et du corps. Un être est constitué de sept entités ou principes différents, cohabitant les uns avec les autres : le corps, le ba, le ka, l'akh, le coeur (ib) le nom et l'ombre. Aucun individu ne peut vivre normalement sans l'un de ces principes que ce soit sur terre où dans l'au-delà.  
Le corps, qui sert de réceptacle, doit être préservé après la mort pour réunir à nouveau toutes les entités de l'individu. 
 
Les premières tentatives de momification laissent apparaître des procédés de conservation très succincts, sans grande efficacité. Le corps du défunt était enduit de plâtre pour éviter sa dégradation (1). Ce n'est qu'avec la découverte de la dessiccation artificielle à l'aide de natron que la momification fait de réels progrès à l'Ancien Empire. Le corps, recouvert de cristaux de natron, carbonate hydraté de sodium, subissait une déshydratation de ses tissus ainsi qu'une saponification de ses graisses. A cette technique de conservation viennent s'ajouter successivement, au cours de l'Ancien Empire, les procédés d'éviscération abdominale et d'excérébration. La première technique consistait à retirer les intestins, le foie, les poumons et l'estomac du défunt pour que leur dégradation ne corrompe point le reste du corps. Les viscères, lavés avec du vin de palme, étaient placés dans des vases canopes avec du natron (2). Les vases étaient ensuite disposés près du sarcophage. Le cœur, lieu où s'élabore la pensée chez les égyptiens, était laissé à sa place dans la cage thoracique. 
 
 
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La seconde technique consistait à retirer le cerveau par les voies nasales à l'aide de crochets et à le remplacer par un produit résineux (3). 
 
Après son éviscération et son excérébration, le corps du défunt était lavé puis recouvert de natron pendant soixante-dix jours. Il était ensuite lavé à nouveau. De la gomme de cèdre, de la myrrhe et divers onguents ou plus simplement des tissus ou de la sciure étaient placés dans la cavité abdominale pour redonner au corps sa forme initiale avant de le recouvrir de fines bandelettes imprégnées de gomme arabique. Puis une série de tissus plus larges venaient protéger l'ensemble du corps ainsi emmailloté. 
 
Les égyptiens mettront en tout plus de mille ans pour mettre au point leur technique de momification. Celle-ci n'est vraiment bien maîtrisée qu'au début du Nouvel Empire. Parallèlement, se met en place toute une théologie de la momification au travers du mythe d'Osiris. Il fut en effet le premier homme-dieu à vaincre la mort. Assassiné par son oncle Seth, son corps, dépecé, fut ramené à la vie par les soins de sa sœur Isis et de son fils Anubis qui pratique sur lui la première momification. 
 
 
 
 
Momie surmontée de son Ba et vases canopes,  
papyrus funéraire, musée du Louvre. 
(© photo : Johann Renard-Templier) 
 
 
 
 
 
Momie de Séti Ier (Royals Momies, Smith) 
 
La momification était pratiquée par des prêtres spécialisés, les embaumeurs, initialement sous une tente aux abords de la nécropole puis à la Basse Epoque dans un édifice appelée la "Place pure" (ouâbet). La classe des embaumeurs, attestée depuis la VIe dynastie, était hiérarchisée. Le "contrôleur des mystères" supervisait les opérations menées par un embaumeur en chef, le "Chancelier du dieu" et des "prêtres lecteurs". Les officiants en chef portaient un masque d'Anubis.  
 
On trouve aussi mentionnés les "Enfants d'Horus" et les "Enfants de Kentyenirty", personnel subalterne qui participait à la veillée funèbre et secondait les 
prêtres lors de la momification ainsi que des artisans spécialisés : préparateurs de natron, d'onguents, de résines, de bandelettes etc... 
 
La momification s'inscrivait dans un processus funéraire très complexe où de nombreux rites religieux ponctuaient les différentes étapes de conservation du corps. 
 
Les embaumeurs disposaient de nombreuses amulettes protectrices entre les bandages et récitaient de nombreuses formules religieuses consignées dans des recueils.  
Une fois la momie prête, on procédait au rite de l'Ouverture de la Bouche qui permettait au défunt de retrouver ses facultés physiques et mentales. 
 
Le mort, ainsi momifié, pouvait renaître à la vie par identification au dieu Osiris et devenait lui-même un Osiris divin. Sa momie était ensuite placée dans son sarcophage puis transportée vers son lieu de sépulture.  
 
La plupart de nos connaissances sur les techniques de momification nous viennent d'Hérodote (4), et plus tard de Diodore de Sicile, dont la véracité des témoignages semble corroborer par l'observation des momies qui nous sont parvenues. Il n'existe malheureusement pas de sources égyptiennes sur ce sujet, hormis deux papyrus sur le rituel de bandelettage (5). 
 
 
 
 
 
D'après Hérodote, les paraschistes (coupeurs) pratiquaient l'éviscération à l'aide d'un couteau de pierre. Les taricheutes (embaumeurs) s'occupaient de la dessiccation, les nécrotaphes de l'inhumation, alors que les prêtres choachytes jouaient le rôle d'ordonnateurs des funérailles.  
 
La momification fut d'abord un privilège royal. Seul le pharaon pouvait devenir un Osiris. Dès l'Ancien Empire ce privilège s'étendit aux notables puis, petit à petit, au peuple.  
 
Trois classes de momification étaient pratiquées selon les moyens matériels de la famille. La momification pouvait alors être complète ou plus ou moins sommaire. Les prêtres étaient rétribués en nature puis en argent à la Basse Epoque. 
 
 
La momification n'était pas réservée exclusivement aux humains. Dans la religion égyptienne une grande partie des dieux avaient pour habitude de se manifester au travers des animaux. La plupart des espèces ont ainsi été momifiées à l'exception des ânes et des hippopotames qui étaient considérés comme des animaux séthiens. Certains animaux, comme les chats et les ibis, étaient élevés et momifiés pour être vendus aux pèlerins qui les utilisaient comme offrandes aux divinités. Le taureau Apis fut momifié à partir du Nouvel Empire jusqu'à la Basse Epoque et enseveli dans les immenses sarcophages de granit du Sérapeum de Memphis. 
 
 
 
Johann Renard-Templier 
 
 
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Notes :  
(1) On a retrouvé en 1901, dans la tombe du roi Djer (Iere dynastie), un avant bras qui porte des traces de momification à l'aide de plâtre. 
 
(2) Le premier exemple connu d'éviscération concerne la reine Hétephérès, l'épouse de Snéfrou dont les viscères ont été retrouvés dans une boîte en albâtre divisée en quatre compartiments remplis de natron. 
 
(3) Le produit était préalablement chauffé pour le rendre liquide puis injecté par les narines dans la cavité cérébrale où la résine durcissait en refroidissant. 
 
(4) Hérodote, Enquête, Livre II, 85-88. 
 
(5) Il s'agit des papyrus Boulaq III et Louvre 5158 du Ier siècle ap. J.C. 
 
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Bibliographie 
 
 
ASSMANN Jan, Images et rites de la mort dans l'Egypte ancienne, Cybèle, Paris, 2000. 
Catalogue Egypte Vision d'Eternité, Musée de l'Ephèbe, Le cap d'Agde, 1999  
DUNAND F., LICHTENBERG R., Les momies et la mort en Egypte, Paris 1998. 
DUNAND F., LICHTENBERG R., Les momies, un voyage dans l'éternité, Découvertes Gallimard 118, 1991.  
GOYON J.-C., Rituels funéraires de l'ancienne Egypte, Cerf, Paris, 1972. 
GOYON J.-C. et Josset P., Un corps pour l'éternité, autopsie d'une momie, Le Léopard d'or, Paris, 1988. 
JANOT Francis, Les instruments d'embaumement de l'Egypte ancienne, IFAO 2000.  
LECA A.P., Les momies, Hachette, Paris, 1976. 
ZIVIE-COCHE C., Images et rites de la mort dans l'Egypte Ancienne, Cybèle, Paris, 2000. 
 
 
Momie de la Basse Epoque, Musée du Louvre. 
(© photo : Johann Renard-Templier) 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Modifié en dernier lieu le 2.11.2009
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